Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
zapatosardientes
18 août 2006

Danse AFRO, reflexions pendant un cours

Un texte trouvé sur le web et que j'ai particulièrement goûté!

Et toi, tu penses à quoi quand tu danses ??

Cela m'est venu hier pendant le cours de danse, africaine comme d'habitude. Ça peut paraître fumeux, mais en réfléchissant, j'ai eu la nette impression que pendant la danse, au lieu de travailler des simples mouvements, je travaillais des passages, des chemins de gestes pour atteindre une succession de poses, d’immobilités, de positions fixes. L'impression que la maîtrise du geste importe beaucoup certes, mais que l’idée de son objectif importe plus encore. Par analogie en musique, c'est un peu comme constater l'importance des silences, comme des respirations du corps.

Puis cette impression s'est déroulée comme une évidence : entre le début et la fin du geste, le corps émet une pensée structurée par ses membres en action-réaction, en ressort sur eux-mêmes. Souvent l’impression d’avoir trouvé LE ressort constitue une forme de garantie : le chemin est le bon et la pose à l'arrivée est juste, évidente, presque légitime. Cette pose est le moment de respiration du danseur, celui où il doit être en parfaite synchronicité avec le djembé, tomber sur le temps du doumdoum (instrument de percussion), un peu en avance ou en retard et l'harmonie est rompue.

En danse africaine en tous cas, on travaille beaucoup à l’instinct du geste.
Ana se plaît à nous dire : « Danse afwricaine, c’est pas la théowrie : c’est la pwratique ! » et elle a raison : c’est comme ça qu’on apprend. Comme des enfants dans une fête, on copie les grands, les initiés, le tout en riant de nos erreurs. La recherche du bon mouvement, si tant est qu’il n’en existe qu’un seul, se déroule comme une discussion intime avec son corps. Si je pousse la jambe sur le côté de cette façon en tendant le talon, est-ce qu’il n’y a pas un signal donné en même temps à ma hanche qui souhaite se décaler naturellement vers ce pied ? Ma hanche n’entraîne-t-elle pas un étirement inversé de l’épaule, la main a alors envie de suivre la hanche, et la tête alouette ? La tête aussi bien sûr, pas de nuques raides par ici, elle navigue plutôt du côté de la hanche. Ça doit être instinctif, quasi réflexe, par la pratique. Puis l’on arrive à l’immobilité : le corps a dessiné de nouvelles courbes, successions de courbures épaules poussées – repoussées à l’extrême dont on peut s'amuser à rechercher ce qu’elles représentent. Ça dépend de la musique, de la sensation d’ensemble, car le mouvement trouve aussi une amplitude dans son caractère collectif : plusieurs danseurs l’effectuent en parallèle. Et une fois le corps incliné d’un côté, n’est-ce pas évident de se redresser et d’aussitôt inverser la position de l’autre côté ? Le passage comprenant un retour par une immobilité centrale en général genoux légèrement fléchis.

Ici on est dans une danse qui aime les extrêmes : près du sol, "ancrés dans le sol" même disait une ancienne prof même si c’était un peu caricatural par moment, ou carrément en l’air à grandes brassées de jambes et de bras. « Danser fort » c’est l’expression favorite des danseurs africains pour exprimer de façon admirative que ce type sait vraiment très bien danser, il danse fort, vite et bien, il a atteint en quelques sortes un niveau élevé de maîtrise et de virtuosité des mouvements. Les danseurs africains aiment l’excès de vitesse ; dans des performances certains mouvements de tête m’inquiètent souvent sur l’état des cervicales des danseurs.

Quand on est débutant en afro, on est en général assez timoré, avare de mouvements, concentré sur le pas. Mais quand le pas est saisi il ne faut pas avoir peur de le lâcher. Ce n’est pas par de petits gestes courts que l’on comprend le mouvement. Il faut s'élancer pour ressentir le temps d’envol, moment jouissif et éphémère d’exaltation où la position fixe se trouve en l’air, 4ème temps du galop, temps de suspension.

Pour réussir son envol, il faut écarter grand les bras, lancer loin les genoux et les pieds en l’air. « Pli haut ! Pli haut ! » nous crie Ami pour nous encourager. C’est un jeu, elle adore nous taquiner au moment où déjà on tire la langue de fatigue, vers la fin du cours, tandis qu’elle gentiment s’économise. Normal, étant prof elle aussi, elle n'est pas là pour travailler… Mais son cri, sa gaieté et son enjouement nous galvanisent et suffisent à nous faire gagner 2 cm sur l’apesanteur et à élargir nos sourires en prime. Pas question ici de profs aigris qui se plaignent de leurs mauvais élèves.  Non, ici on est tous les enfants chéris d’Ana qui déclare fièrement à la fin que c'était comme toujours « super » et qu'on a toutes « très bien travaillé »…

Et ben dans ce monde ingrat où il faut chaque jour quémander un vague satisfecit, je n’ose dire reconnaissance, pour son boulot au quotidien, ces marques d’encouragement représentent un vrai trésor. Une bonne formule marketing aussi certes, mais qui donne vraiment envie de danser plus haut !

NB : cette note n'a aucune prétention éducative juste essayer de faire partager le plaisir de danser...

source

Publicité
Publicité
Commentaires
zapatosardientes
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité